38.

 

Après le déjeuner, Golantz commença à présenter son affaire.

Et eut recours à la présentation que je qualifiais de ras des pâquerettes.

Il reprit le dossier au tout début – l'appel au 911 qui avait mis les deux meurtres en lumière —, et continua de façon tout à fait linéaire. Son premier témoin fut une opératrice du service des urgences du centre des communications du comté. Il se servit d'elle pour faire accepter les enregistrements audio des appels à l'aide de Walter Elliot. Avant le procès, j'avais envoyé une requête afin d'empêcher qu'on passe les deux bandes, en arguant que des transcriptions seraient plus claires et plus utiles aux jurés, mais le juge s'était rangé à l'avis du procureur. Il avait néanmoins ordonné que Golantz fournisse des transcriptions afin que les jurés puissent les lire en même temps qu'on les entendrait dans la salle d'audience.

J'avais tenté d'en interdire l'audition parce que je savais qu'elles seraient préjudiciables à mon client. Lors de son premier appel, c'était en effet très calmement qu'Elliot avait parlé à la dispatcheuse pour lui signaler que son épouse et une autre personne venaient de se faire assassiner. Ce ton posé pouvait s'interpréter comme une manière de froideur calculée et je ne voulais pas que les jurés le fassent. Le deuxième enregistrement était encore pire du point de vue de la défense. Elliot y laissait percer de l'agacement et entendre qu'il connaissait et n'aimait guère l'homme qui venait d'être assassiné avec sa femme.

Dispatcheuse : 911. Quelle est la nature de votre urgence ?

Walter Elliot : Je... euh, eh bien, ils ont l'air morts. Je ne pense pas qu'on puisse les aider.

Dispatcheuse : Je vous demande pardon, monsieur ? À qui parlé-je ?

Walter Elliot : Je m'appelle Walter Elliot. C'est ma maison.

Dispatcheuse : Oui, monsieur. Et vous dites qu'il y a quelqu'un de mort ?

Walter Elliot : J'ai trouvé ma femme. Elle a reçu une balle. Et il y a aussi un homme. Et lui aussi a reçu une balle.

Dispatcheuse : Veuillez attendre un instant, monsieur. Je prends note et je vous envoie de l'aide...

– pause —

Dispatcheuse : Bien, monsieur Elliot. Des ambulanciers et des adjoints du shérif viennent de partir.

Walter Elliot : C'est trop tard pour eux. Pour les ambulanciers, je veux dire.

Dispatcheuse : Je suis obligée de les envoyer, monsieur. Vous dites que ces personnes ont été abattues ? Êtes-vous en danger ?

 

Walter Elliot : Je ne sais pas. Je viens juste d'arriver. C'est pas moi qu'ai fait ça. Vous enregistrez ?

Dispatcheuse : Oui, monsieur. Tout est enregistré. Êtes-vous dans la maison en ce moment même ?

Walter Elliot : Je suis dans la chambre à coucher. C'est pas moi qu'ai fait ça.

Dispatcheuse : Y a-t-il quelqu'un dans la maison en dehors de vous et des deux personnes abattues ?

Walter Elliot : Je ne pense pas.

Dispatcheuse : Bien, je veux que vous sortiez de la maison de façon à ce que les adjoints du shérif vous voient en arrivant.

Mettez-vous dans un endroit où ils vous verront.

Walter Elliot : D'accord, je sors.

– fin –

Dans le deuxième enregistrement, c'était une autre dispatcheuse qui parlait, mais je laissai Golantz le passer. J'avais perdu la bataille et ne voyais aucun avantage à faire perdre du temps à la cour en obligeant la deuxième dispatcheuse à présenter la bande et à la faire admettre comme pièce à conviction.

Cet appel-là avait été passé du portable même d'Elliot. Ce dernier était sorti et l'on pouvait entendre le bruit ténu des vagues de l'océan en arrière-plan.

BANDE n° 2 – 13 h 24 – 02 05 07

Dispatcheuse : 911. Quelle est la nature de votre urgence ?

Walter Elliot : Oui, j'ai déjà appelé. Qu'est-ce que vous fabriquez ?

Dispatcheuse : Vous avez appelé le 911 ?

Walter Elliot : Oui, ma femme a été abattue. Et l'Allemand aussi. Qu'est-ce que vous fabriquez ?

Dispatcheuse : C'est l'appel de Crescent Cove Road à Malibu ?

Walter Elliot : Oui, c'est moi. J'ai appelé y a au moins un quart d'heure et y a toujours personne.

Dispatcheuse : Monsieur, d'après l'écran, notre patrouille alpha devrait arriver dans moins d'une minute. Raccrochez et restez dehors de façon à ce qu'ils puissent vous voir en arrivant.

Vous voulez bien, monsieur ?

Walter Elliot : Dehors, j'y suis déjà.

Dispatcheuse : Alors, restez où vous êtes, monsieur.

Walter Elliot : Si vous le dites... Au revoir.

– fin –

Dans ce deuxième appel, non seulement Elliot donnait l'impression d'être agacé par le retard, mais il y prononçait le mot « Allemand » avec une espèce de ricanement dans la voix. Qu'on puisse ou ne puisse pas en conclure à sa culpabilité n'avait pas d'importance. Ces bandes aidaient l'accusation à faire apparaître Walter Elliot comme un être arrogant qui se croyait au-dessus des lois. Et c'était là un bon départ pour Golantz.

Je renonçai à interroger la dispatcheuse en contre car je savais que la défense n'avait rien à y gagner. L'accusation fit ensuite témoigner le shérif adjoint Brendan Murray, qui conduisait la voiture alpha ayant répondu la première à l'appel. En une demi-heure d'interrogatoire, Golantz lui fit décrire en détail son arrivée et sa découverte des corps. Il s'attarda en particulier sur les impressions que Murray avait gardées de l'attitude et des déclarations d'Elliot. Pour le shérif adjoint, l'accusé n'avait montré aucune émotion en faisant monter les policiers jusqu'à la chambre où son épouse avait été abattue et reposait nue sur le lit. Il avait très calmement enjambé le cadavre étendu au seuil de la pièce et avait montré le corps sur le lit.

– Il a dit : « C'est ma femme. Je suis à peu près sûr qu'elle est morte », déclara Murray.

Toujours d'après lui, Elliot aurait dit au moins trois fois que ce n'était pas lui qui avait tué les deux personnes abattues dans la chambre.

– Et ce serait inhabituel ? lui demanda Golantz.

– Eh bien, nous n'avons pas la formation nécessaire pour nous lancer dans une enquête pour meurtre. Et nous ne sommes pas censés le faire. Ce qui fait que je n'ai jamais demandé à Monsieur Elliot si c'était lui qui avait tué ces deux personnes. Mais lui n'arrêtait pas de nous dire qu'il ne les avait pas abattues.

Je n'avais pas non plus de questions à poser à Murray. Il était sur ma liste de témoins cités à comparaître et j'aurais tout loisir de le rappeler dans la phase défense si cela s'avérait nécessaire.

Cela étant, je voulais attendre la déposition du témoin suivant sur la liste du procureur, à savoir celle du jeune Christopher Harber, le coéquipier de Murray. Je me disais que si l'un de ces deux adjoints faisait une erreur qui puisse servir la défense, c'était sûrement du côté du bleu qu'il fallait l'espérer.

La déposition d'Harber fut plus courte que celle de Murray et servit essentiellement à corroborer les dires de son coéquipier. Il avait vu et entendu les mêmes choses que lui.

– Juste quelques questions, monsieur le juge, dis-je lorsque Stanton me demanda si je voulais interroger en contre.

Alors que Golantz avait mené son interrogatoire du lutrin, je restai à la table de la défense pour poser mes questions. En fait, c'était un stratagème. Je voulais que les jurés, le témoin et le procureur se disent que je ne faisais qu'agir de manière machinale et me contentais de poser deux ou trois questions comme ça. De fait, je me préparais à introduire un point essentiel dans la stratégie de la défense.

– Bien. Monsieur l'adjoint Harber, lançai-je, c'est votre première année de service, n'est-ce pas ?

– Correct.

– Avez-vous déjà déposé devant un tribunal ?

– Pas dans une affaire de meurtre.

– Bon, gardez votre calme. Malgré ce que maître Golantz a pu vous raconter, je ne mords pas.

Des petits rires polis s'élevèrent dans la salle tandis qu'Harber rougissait un rien. Grand et fort, il avait la coupe de cheveux militaire, soit bien courte, comme on les aime aux services du shérif.

– Bien, vous dites que lorsque votre coéquipier et vous êtes arrivés à la maison de Walter Elliot, vous l'avez vu debout devant l'allée circulaire. C'est bien ça ?

– C'est bien ça.

– OK. Que faisait-il ?

– Il était là, debout, c'est tout. On lui avait dit de nous attendre.

– Bien. Que saviez-vous de la situation quand la voiture alpha est arrivée ?

– On ne savait que ce que la dispatcheuse nous avait dit. Qu'un homme du nom de Walter Elliot avait appelé de la maison pour dire qu'il y avait deux personnes mortes à l'intérieur. Qu'elles avaient été abattues.

– Aviez-vous déjà reçu un appel de ce type avant ?

– Non.

– Aviez-vous peur ? Vous sentiez-vous nerveux ? Excité ? Quoi ?

– Je dirais que l'adrénaline coulait à flots, mais que nous étions très calmes.

– Avez-vous sorti votre arme en quittant votre véhicule ?

– Oui.

– L'avez-vous braquée sur Monsieur Elliot ?

– Non, je l'avais au côté.

– Votre coéquipier a-t-il sorti son arme ?

– Oui, je crois.

– L'a-t-il braquée sur Monsieur Elliot ?

Il hésita. J'aime beaucoup quand le témoin de l'accusation hésite. Je ne me rappelle pas. Ce n'était pas vraiment lui que je regardais. C'était l'accusé.

Je hochai la tête comme si cela me paraissait sensé.

– Vous deviez rester sur vos gardes, c'est ça ? Vous ne connaissiez pas ce type. Vous saviez seulement qu'il devait y avoir deux morts à l'intérieur.

– Exact.

– Il serait donc juste de dire que vous vous êtes approché de Monsieur Elliot avec précaution ?

– Oui.

– Quand avez-vous remis votre arme dans son étui ?

– Après avoir fouillé et sécurisé les lieux.

– Vous voulez dire après être entré dans la maison et avoir confirmé qu'il y avait bien des morts et personne d'autre à l'intérieur ?

– Exactement.

– Bien, et quand vous faisiez tout ça, Monsieur Elliot était toujours avec vous ?

– Oui, il fallait qu'on le garde avec nous pour qu'il puisse nous montrer où se trouvaient les corps.

– Était-il en état d'arrestation ?

– Non, il ne l'était pas. Il s'était porté volontaire pour nous montrer les cadavres.

– Mais vous l'aviez menotté, n'est-ce pas ?

Cette question fut aussitôt suivie d'une deuxième hésitation de sa part. Il se trouvait en terrain inconnu et se rappelait sans doute les déclarations que Golantz et son assistante lui avaient fait répéter.

– Il avait été d'accord pour qu'on le menotte, dit-il enfin.

Nous lui avions expliqué que nous n'étions pas en train de l'arrêter. Mais que nous avions une situation potentiellement dangereuse à l'intérieur de la maison et qu'il valait mieux pour sa sécurité et pour la nôtre que nous le menottions jusqu'à ce que nous ayons sécurisé les lieux.

– Et il avait été d'accord.

– Oui.

Du coin de l'oeil, je vis Elliot faire non de la tête. J'espérai que les jurés l'avaient vu eux aussi.

– Était-il menotté devant ou dans le dos ?

– Dans le dos, c'est le règlement. Nous ne sommes pas autorisés à menotter quelque sujet que ce soit devant.

– Quelque... « sujet »... que ce soit ? Que voulez-vous dire ?

– Le mot « sujet » s'applique à toutes les personnes impliquées dans une enquête.

– Soit quelqu'un qui est arrêté ?

– Y compris quelqu'un qui est arrêté, oui. Mais Monsieur Elliot n'était pas en état d'arrestation.

– Je sais que vous êtes tout nouveau dans ce travail, mais avez-vous souvent menotté des gens qui ne se trouvaient pas en état d'arrestation ?

– C'est arrivé à l'occasion. Mais je ne me rappelle pas combien de fois.

Je hochai la tête, mais espérai qu'on comprenne bien que ce n'était pas du tout parce que je le croyais.

– Bien, repris-je, votre coéquipier et vous avez déclaré que Monsieur Elliot vous avait répété trois fois, et à tous les deux, qu'il n'était pas responsable de la tuerie. C'est exact ?

– C'est exact.

– Avez-vous entendu ces déclarations ?

– Oui.

– Ces déclarations vous ont-elles été faites lorsque vous vous trouviez à l'intérieur ou à l'extérieur de la maison ?

– À l'intérieur, quand nous étions en haut dans la chambre.

– Ce qui veut dire que Monsieur Elliot aurait fait ces prétendues déclarations d'innocence alors qu'il était menotté dans le dos et que vous et votre coéquipier aviez sorti vos armes et vous teniez prêts à tirer. C'est bien ça ?

Troisième hésitation.

– Oui, ça devait être ça.

– Et vous me dites qu'à ce moment-là, il n'était pas en état d'arrestation ?

– Il ne l'était pas.

– Bien. Et qu'est-il arrivé après que Monsieur Elliot vous a fait entrer et découvrir les corps à l'étage et que votre coéquipier et vous avez déterminé qu'il n'y avait personne d'autre dans la maison ?

 

– Nous avons ramené Monsieur Elliot dehors, nous avons mis les scellés sur la maison et nous avons appelé le service des inspecteurs pour qu'ils nous envoient quelqu'un des Homicides.

– Et ça aussi, c'était pour suivre la procédure des services du shérif ?

– Oui.

– Bien. Et maintenant, officier Harber, avez-vous ôté les menottes à Monsieur Elliot à ce moment-là étant donné qu'il n'était pas en état d'arrestation ?

– Non, maître, nous ne les lui avons pas ôtées. Nous avons placé Monsieur Elliot à l'arrière du véhicule et la procédure interdit qu'on ôte les menottes du sujet lorsqu'il se trouve dans une voiture des services du shérif.

– Ah, nous revoici devant ce mot de « sujet ». Êtes-vous vraiment sûr que Monsieur Elliot n'était pas en état d'arrestation ?

– J'en suis sûr, oui. Nous ne l'avions pas arrêté.

– Bien, et combien de temps est-il resté à l'arrière de cette voiture ?

– À peu près une demi-heure, pendant que nous attendions l'équipe des Homicides.

– Et que s'est-il passé quand elle est arrivée ?

– Dès leur arrivée, les enquêteurs ont commencé par examiner la maison. Après, ils sont sortis et ont mis Monsieur Elliot en état d'arrestation. Enfin, je veux dire... ils l'ont sorti de la voiture.

Je sautai sur son lapsus.

– Il était en état d'arrestation ?

– Non, là, je me suis trompé. Il était d'accord pour attendre dans la voiture, ils sont arrivés et ils l'en ont fait sortir.

– Vous nous dites donc qu'il a été d'accord pour se faire menotter à l'arrière d'une voiture de patrouille ?

– Oui.

– Aurait-il pu ouvrir la portière et sortir du véhicule s'il l'avait voulu ?

– Je ne pense pas, non. Les portières arrière ont des sécurités.

On ne peut pas les ouvrir de l'intérieur.

– Mais Monsieur Elliot y était à titre volontaire ?

– Oui.

Même lui ne donnait pas l'impression de croire à ce qu'il racontait. Son visage avait viré au rouge cramoisi.

– Officier Harper, quand les menottes ont-elles été enfin ôtées aux poignets de Monsieur Elliot ?

– Dès qu'ils l'ont fait sortir de la voiture, les inspecteurs lui ont enlevé les menottes et les ont rendues à mon coéquipier.

– Bien.

Je hochai la tête comme si j'en avais fini et tournai quelques pages de mon bloc-notes pour vérifier certaines questions que j'avais oubliées.

– Ah oui... repris-je en gardant les yeux baissés sur mon bloc.

Une dernière chose. D'après la main courante, le premier appel au 911 a été passé à 1 h 05. Monsieur Elliot a dû rappeler dix-neuf minutes plus tard pour s'assurer qu'on ne l'avait pas oublié et c'est là que vous et votre coéquipier êtes arrivés quatre minutes plus tard. Soit un temps de réaction de vingt-trois minutes. (Je levai la tête et le regardai.) Pouvez-vous me dire pourquoi il a fallu tout ce temps pour répondre à un appel qui était évidemment de première urgence ?

– Géographiquement parlant, le district de Malibu est le plus grand du secteur. Nous avons dû repasser le col pour venir d'un autre endroit où on nous avait appelés.

– Il n'y avait pas d'autre voiture de patrouille plus près et prête à répondre ?

– Mon coéquipier et moi nous trouvions dans la voiture alpha.

C'est une voiture qui est toujours en mouvement. C'est nous qui traitons les appels prioritaires et nous avons accepté celui-là dès qu'il nous est arrivé de la dispatcheuse.

– Bien, je n'ai plus de questions à vous poser.

En contre, Golantz revint sur les chausse-trappes que j'avais préparées. Il posa plusieurs questions à Harber, toutes traitant du problème de savoir si Elliot était en état d'arrestation ou pas. Il voulait dissiper cette idée qui risquait de corroborer la théorie du rétrécissement du champ visuel prônée par la défense. C'était très exactement ce que je voulais qu'il croie que j'étais en train de faire et ça marchait. Il passa encore un quart d'heure à pousser Harber à souligner que l'homme que lui et son coéquipier avaient menotté à l'extérieur d'une scène de double crime n'était pas en état d'arrestation. Voilà qui défiait le sens commun, mais l'accusation n'en démordait pas.

Lorsque le procureur en eut terminé, le juge suspendit la séance pour la pause de l'après-midi. Dès que le jury eut quitté la salle, j'entendis quelqu'un m'appeler en chuchotant. Je me retournai et vis Lorna me montrer le fond de la salle du bout du doigt. Je me tournai davantage pour voir plus loin et découvris que ma fille et sa mère s'étaient glissées au dernier rang de la galerie. Et là, en douce, ma fille me fit un petit signe de la main et je lui souris en retour.

Le Verdict du Plomb
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